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La Vie d'Emilie
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31 janvier 2011

Episode 59. La vie en orange

avertissement: ceci n'est pas une publicité pour un opérateur téléphonique, ni un tract pour un parti politique centriste.

Une première: la découverte du marché immobilier antigueño. Jusqu'ici mes différents séjours guatémaltèques m'avaient amenée à résider dans la capitale, voguant au gré des propositions de collocation, pour jeter l'amarre lors de mes recherches de thèse dans une pension familiale et tranquille bien que très loin du luxe. Jocotenango m'avait accueillie depuis ma rencontre avec P., mais c'est cette fois-ci une recherche d'appartement en bonne et due forme dans laquelle j'ai dû me lancer.

L'incertitude tout d'abord: prendre un appartement à deux, ou à trois avec deux chambres et l'ami J., pour partager les frais. La décision: tout dépendra des logements disponibles et des loyers demandés. Les garçons travaillant de 8h à 22h voire plus, c'est mimi qui s'y colle. Lourde responsabilité, d'autant que j'ai déjà de grandes difficultés à choisir un appartement pour ma petite personne, alors pour une ou deux de plus...

Les annonces se font très rares dans la presse, et les papiers collés de ci de là dans Antigua ne sont pas légion. Finalement trois options, toutes en dehors du centre: un appartement de deux chambres pour 200 euros sur la Calle Ancha, loué par doña Hilda. Un appartement de deux chambres pour 240 euros dans le quartier du Manchén. Et les appartements de don Manolo, sur la Chipilapa, dans une sorte de grand ensemble fait de bric et de broc, en sortie de la ville coloniale: l'un à 180 euros pour 1 chambre et 1 salon-cuisine avec salle de bain sur le palier (salle de  bain uniquement pour nous, mais sur le palier malgré tout); d'autres avec deux chambres pour 240 euros.

L'appartement du Manchén m'est montré par deux zigotos qui se lancent dans l'immobilier. Ils me proposent de venir me chercher sur le parc Central: youpi! Cela m'évitera une longue marche! Que nenni: ils viennent me chercher... à pied! Et en route, après des histoires de fantômes et de souterrains qui soit disant traverseraient les sous-sols d'Antigua, c'est la compèt: j'essaie de prouver que je ne suis pas tombée de la dernière pluie avec un bon espagnol, un grand sourire et des petites preuves de mes connaissances guatémaltèques saupoudrées au coin des phrases prononcées durant ces 20 minutes de rando. Alors qu'eux essaient de me vendre à l'avance un appartement qui s'avèrera être.... vert. De vieux souvenirs d'un appartement vert visité à Tours et cafardeux (d'après le cadavre d'insecte entrevu sous l'évier), et d'une pension miteuse connue autrefois à Antigua, me font rebrousser chemin poliment après un tour de routine dans un logement situé à pétaouchnok, et juste au-dessus de celui des propriétaires.

Je me dirige ensuite vers la Calle Ancha, pas très loin de là, puisque doña Hilda m'avait dit qu'elle serait là vers 17h, et que je n'avais qu'à l'appeler pour être sûre qu'elle soit chez elle. Entre deux respirations profondes de gaz d'échappements noirs, je l'appelle: elle ne sera là que vers 18h. Je retourne donc en centre-ville saluer mon bourreau de travail. Puis repars, cette fois-ci en touc-touc car mes pieds souffrent, tout cela pour recevoir un appel, à 5 minutes de chez elle: finalement elle n'est pas là, puis-je passer demain? La dame commence à me chatouiller les doigts de pied, qui frisent l'ampoule, et malgré une flemme aiguë et un a priori un chouïa négatif sur cette petite personne je retourne la voir le lendemain – dimanche, pour découvrir une maison fort bien tenue, décorée avec goût, où l'appartement à louer est ma foi coquet. Mais à la question « pouvons-nous recevoir des amis? » la réponse, que je soupçonnais, est la suivante: oui bien évidemment! Mais à condition de ne pas faire de bruit et que ce soit des personnes « décentes ». Les argentins à rasta et autres couchsurfers routards sont-ils décents? Une croix donc sur Mme Hilda et son appartement d'une chambre et demie puisqu'il faut traverser la première pour accéder à la deuxième...

Reste finalement don Manolo, le premier que j'ai rencontré et celui chez qui nous avons donc élu domicile, après hésitations, observations et précipitations – après deux nuits d'hôtel, il fallait soit trouver tout de suite quelque chose, soit s'entasser dans la chambre de bonne de P. où, selon ses dires, son matelas occupe déjà tout l'espace et n'importe quelle chambrette aurait l'air d'un cinq étoiles. Don Manolo est sans doute doté d'attributs de reproduction en métal précieux (comprenez: il a des couilles en or), malgré un aspect fort simple et une maisonnette des plus rustiques. Plus de 40 logements sur son terrain en bordure d'Antigua, à partir de 180 euros. Et les logements, en bon état mais pas tout jeunes non plus, ne lui coûtent pas grand chose puisqu'il les fabrique lui-même (en témoignent les deux fusibles situés dans la cabine de douche – maman je prends ma douche avec des bottes en caoutchouc, don't worry!). Tous ont un frigo et une gazinière, ainsi qu'une salle de bain. Je vous confesse que j'ai tout de même hésité: tout d'abord, J. ou pas J.? Les coûts, divisés par trois, ne représentent que 10 euros/100 quetzales de différence par personne. Donc si c'est pour le côté finance, autant s'installer à deux, à 10 euros près il n'y a pas mort d'homme et la chandelle reste seule sur son chandelier sans personne pour la tenir. Vient ensuite le choix de l'appartement et les doutes m'assaillent: la salle de bain sur le balcon mais pour nous tous seuls sera-t-elle supportable? Le bruit de la rue – la sortie principale d'Antigua – le sera-t-il aussi? Et enfin: accepterais-je de voir la vie en orange pour les 4 mois à venir?

IMG_0755

Car don Manolo a un goût prononcé pour la décoration: dans notre chambre deux grandes vitres donnent sur le couloir de l'étage. Afin de préserver notre intimité, déjà sauvegardée tout de même par des rideaux, il a donc peint ces deux vitres en orange. De même, la petite vitre qui donne sur... le ciel, est peinte à mi-hauteur en orange, pour, je cite, « qu'on ne voie que le volcan au loin, et pas les toits de tôle et les câbles des maisons d'à côté » (qui ne sont pas en vis-à-vis, je précise, mais en contrebas). Certes. Pour combiner, un canapé récemment retapissé en orange. Une ambiance très sixties seventies donc, et je me devais de coordonner la déco: assiettes et verres orange, soyons fous!

Allez je vous laissIMG_0738e, les odeurs de peinture orange nous permettent à P. et moi de profiter des bienfaits de la drogue à moindre frais, ambiance champignonesco-hallucinante, je vais donc de ce pas aller aérer un peu!

Ps mise à jour: les deux dames et leur monsieur (???) qui ont emménagé à côté monopolisent la « pila » (comprenez le grand bac à haut qui nous sert d'évier)... la guerre sera-t-elle déclarée? La suite au prochain épisode! :)

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Commentaires
M
c'est vrai que j'avais pas fait gaffe, c'est très coloré tout ça, le vert en plus du orange ;)
F
lol, vous auriez peut-être dû choisir l'appartement vert? ^^
La Vie d'Emilie
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