Episode 5. Insécurité routière
Les épisodes se suivent et s’enchaînent, au rythme haletant des
semaines (si un jour vous devenez scénariste pour une série, je vous
permets d’utiliser cette magnifique phrase, sans paiement de droits
d’auteurs, avouez que c’est généreux, non?).
J’avoue qu’a priori il
n’y a pas grand chose à raconter cette semaine, à part que j’ai failli
mourir d’un mal de gorge. Disons que j’ai l’hyperbole facile: juste une
bonne vieille grosse angine transformée en toux sèche récurrente, avec
un bref et intense passage par l’aphonie (mes élèves ont été
impressionnés par ma voix Dark-Vadorienne).
Il m’a donc fallu
chercher un sujet palpitant pour pouvoir vous ennuyer quelques minutes:
en même temps, me direz-vous, point n’est besoin de nous écrire toutes
les semaines, surtout si tu n’as rien à nous narrer. Nous patienterions
avec contentement une semaine de plus!
En fait “me direz-vous”
n’est pas la bonne expression, car je pense que plus personne
aujourd’hui n’utilise des mots comme “point n’est besoin” ou “narrer”,
à part des profs de prépa littéraire qui veulent se donner un style.
Donc,
vous disais-je, je cherchai quoi raconter, car même si vous auriez pu
vous passer de moi une semaine, moi je ne peux pas me passer de vous,
c’est bien connu!
Au Guatemala les gens ne mettent pas leur
ceinture de sécurité: certes, cela arrive sans doute de temps en temps
à certains d’entre vous, et vous n’en êtes pas morts (pour l’instant).
Le problème est qu’au Guatemala, mieux vaudrait porter trois ceintures
si jamais le nombre de ceintures pouvait protéger encore plus qu’une
seule. Le code de la route (et je ne suis pas sûre qu’il y en ait un)
est plus que sommaire. En effet la majorité des rues sont à sens
unique, et fonctionne sur le mode “je cède le passage quand je vois la
voiture arriver de ma droite ou de ma gauche, surtout s’il a une plus
grosse voiture que la mienne”. D’où l’omniprésence des 4x4 me
direz-vous, cf épisode précédent.
Maman, si tu veux conserver ton
coeur intact et ne pas avoir à tricoter avec tes pelotes de nerf,
peut-être vaudrait-il mieux que tu t’arrêtes là.
Donc je reprends
pour les autres: généralement, il vaut donc mieux ne pas regarder la
route si vous ne voulez pas vous faire de mauvais sang (et ne pas avoir
peur de le répandre sur le pare-brise). Le piéton est lui aussi en voie
d’extinction, puisque comme le gibier qui traverse au hasard les belles
routes de France, le piéton doit traverser sauvagement entre 2 voitures
pour pouvoir gagner l’autre trottoir (disons ce qui sert de trottoir,
puisque mieux vaut regarder où on marche pour éviter les dénivelés
subits, les bouches d’égout ouvertes ou autres trous à usage indéfini):
le passage clouté est une invention encore inconnue de ce côté-ci de
l’Atlantique.
La fameuse camioneta, ce vieux bus encore en
service, est une autre preuve du système routier autoctone. Ceux qui
ont vu Roméo&Juliette, avec DiCaprio, se souviendront peut-être de
l’esthétique un peu kitsch, des crucifix, des flammes et autres
oripeaux sur les voitures, les flingues, etc.
Ce cher Baz Lurhman
n’a rien inventé: la camioneta est un exemple du genre. Mais
on comprend vite que le gros crucifix qui souvent orne le tableau de
bord ne sert pas qu’à décorer. Un collègue m’a gentiment informé
récemment que les plaquettes de freins, une fois usagée, ne sont pas
changées mais rabibochées: on colle des feuilles de caoutchouc, on fait
tenir de bric et de broc avec du fil de fer des plaquettes rachetées au
collègue....... et on fait donc sa prière pour que dans les nombreux
virages en pentes qui entoure Guate ciudad, tous ces bidouillages
tiennent la route (si je puis me permettre l’expression...).
C’est
donc le coeur plein d’entrain que j’envisage mon prochain départ pour
Antigua de Guatemala, en camioneta bien sûr. J’envisage de me convertir
au catholicisme juste avant, pour pouvoir prier sans crainte et fixer
béatement le crucifix argenté de 40 cm trônant au milieu du pare-brise:
sans doute un moyen d’hypnotiser le passager inquiet, et de le soulager
de toutes ses douleurs dues aux multiples pression de l’aglutinement
humain...
Suite au prochain épisode (comme dirait l’autre...)
Bises à tout le monde, bonne rentrée à tous!!!
Milie.