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La Vie d'Emilie
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8 juin 2009

Episode 2. Rencontre du 3e type

 Tout d’abord, je tiens à vous éclairer, il ne s’agit pas d’une rencontre masculine (quoique: les insectes ont-ils un sexe?).

Ceci étant dit, voici comment s’est déroulé la rencontre: j’entrai dans la cuisine, allumai la lumière et il était là, au milieu, fier comme Artaban. Ne voulant pas jouer l’impolie, je demandai à mon collocataire Fred de faire les présentations. M’en remettant aux coutumes locales pour mieux m’adapter au pays, je cédai donc à sa requête: lui donner une chaussure.... mais je dois confesser que c’est à contrecœur que je lui donnai ma belle Adidas rouge achetée moitié prix durant les soldes d’hiver (j’en souris de contentement rien que d’y penser). Bien que cet avatar de la mondialisation américanisée ne mérite finalement pas d’autre usage (idéologiquement parlant). Respectant les rites guatémaltèques, il (Fred) tapa donc un grand coup sur le sol. Et notre invité, faisant lui aussi honneur aux habitudes de la contrée, eut l’obligeance de se laisser broyer sans un bruit, et grâce à la cordiale collaboration dudit Fred, alla finir sa courte vie dans la poubelle, pour couler des jours heureux au paradis des bêtes à six pattes. Le cafard est mort, vive le cafard! Le lendemain, un de ses parents (sans doute son frère ou un sien lointain cousin) vint nous rendre une visite de courtoisie. J’eus de nouveau l’honneur de faire sa découverte, mais désirant une nouvelle fois ne pas précipiter les choses, et respecter les usages, j’appelai Frederic qui fit les présentations. Il eut l’obligeance d’utiliser sa propre chaussure, et notre ami alla rejoindre son compagnon dans le sac poubelle, au grand dam de la SPA.

Mais le 3e type n’est peut-être pas le plus étrange. En effet, le guatémaltèque est un être particulier qui mérite une étude attentive, mais que je ne détaillerai cependant pas trop, pour épargner vos faibles yeux déjà abîmés par des heures de lecture de mail et autres jeux éducatifs. Le guatémaltèque est la preuve vivante que le réalisme magique existe, tout comme les survivances de la pensée soviétique. Ainsi, l’organisation de l’école Village School est draconiennement réglementée: pour demander des photocopies, il faut d’abord faire signer un papier par untel, puis faire figurer le nombre de pages à photocopier, etc. Pour être prof ici, il faut avoir un sens de la planification quasi inné: avant même de connaître vos élèves, vous faire une idée de leur rythme de travail, de leur niveau exact, vous devez planifier 1 mois de cours, dans le détail, en remplissant un formulaire détaillé élaboré suivant la “méthode Village”, différentes étapes pédagogiquement parlantes. Paradoxalement, au milieu de ces cadres rigides fourmille ce qu’on pourrait qualifier de bordel, foutoir, boxon, capharnaüm complet: les cours ont commencé jeudi, et il manque un professeur pour donner 18h de cours par semaine aux groupes de nuls. Il a finalement montré le bout de son nez pour dire qu’il ne commencera que le 1er septembre, et ne donnera pas tous les cours qui normalement devaient lui être assignés. Avis aux amateurs: 1h30 à 2h30 de cours à donner chaque jour, de 13h40 à 15h00, pour un peu plus de 1000 quetzales par mois, soit 100 euros. Soit un peu moins du quart de mon salaire (ici on vit très bien avec 4000 quetzals).

Mais le plus surréaliste est peut-être finalement ceci: l’invention des concours du plus grand nombre d’anglais dans une cabine téléphonique, ou le record d’empilage de Tchèques dans une deux chevaux n’est ni grand-breton, ni slave. Nous devons cette trouvaille, à mon humble avis, aux guatémaltèques. En effet, ils s’obstinent à faire rentrer dans une camioneta, vieux school bus américain repeint de couleurs vives et chromé, dont les freins crissent et le moteur rugit (mais ce n’est pas forcément dû à un démarrage en trombe...) 100 personnes, là où sont prévues à peine 40 places. A vos risques et périls bien sûr, j’ai moi-même failli perdre ma jambe droite ankylosée à force d’être coincée entre les fesses d’une dame au popotin confortable et les maigres cuisses de la dame de l’autre rangée de sièges. Car, ai-je besoin de le préciser, je voyageai debout, les pieds au sol, maintenue droite par la pression des différents passagers assis ou debout autour de moi, et agrippée aux tubes métalliques parcourant le plafond pour on ne sait quelle raison. Le moment le plus drôle (et c’est là sans doute une marque de l’humour guatémaltèque) c’est quand le collègue du chauffeur décide, au beau milieu du trajet et quand tout le monde est bien coincé, de parcourir tout le bus de l’arrière jusqu’à l’avant, pour faire payer les passagers.... Une expérience humaine et physique à vivre absolument!
Je vous attend tous bien sûr pour faire un tour de camioneta jusqu’à Antigua où je suis allée, ancienne capitale du pays entourée de volcans....
Et comme un volcan s’éteint un être s’éveille, je renouvelle mes invitations multiples aux intéressés richissimes ou futurs chanceux du loto. Les conditions de l’hôtel émilien sont les suivantes: inclure au moins un week-end complet durant votre séjour pour une excursion avec moi car je bosse non stop du lundi au vendredi. Vacances: seulement 12 jours à Noel et même chose à Paques. Fin de l’année fin juin, avec escapades américaines prévues en juillet.... Avis aux amateurs!!!!!!!

Allez, je m’en vais tuer quelques insectes, et me coucher à 22h (lever tôt oblige...)

Biz à tous

À très bientôt

Milie.

PS: désolée pour ce mail longuissime. Adressez-moi vos plaintes et complaintes si vous voulez plus court!
PS2: pas de cartes postales ici, et les rares qu’il y a arrivent paraît-il rarement à destination..... sorry!

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