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La Vie d'Emilie
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8 juin 2009

Episode 12. De la gestuelle comportementale

Bien des sociologues, psychomotriciens et autres spécialistes (souvenez-vous de ce vieux monsieur qui intervenait dans l’émission de Bataille et Fontaine, pour nous expliquer que si Madonna levait souvent les yeux au ciel dans ses clips, ce n’était pas par dépit mais parce qu’elle était très croyante) se sont penchés, au grand dam de leurs lombaires, sur la question des différentes significations de nos attitudes corporelles.
Ainsi, croiser ses doigts de telle ou telle façon, pencher la tête d’un côté ou de l’autre, ou bien d’autres mouvements qui nous paraissent anodins, recèlent bien des informations pour ces fins observateurs du genre humain.

Pas besoin de thèse, doctorat ou autre diplôme marabouteux pour se transformer en fin limier comportementalo-physico-socio-gestuel : certains phénomènes laisseraient parfois dubitatif même le plus aveugle des observateurs.
Marie et moi nous sommes donc lancées dans l’observation sociologique : observatrices externes et impartiales, nous avons voulu explorer toutes les facettes de ce pays multiforme.

Etape 1 : plongée en milieu externe : samedi 5 décembre, 13h, el Ocupa, journée de concerts organisée par la radio La Marca.
Les observatrices deviennent les observées : doyennes de la queue des fans attendant devant l’entrée, et les plus blanches d’entre tous, nous attendons au milieu d’une foule d’adolescents coiffés façon porc-épic, arborant des t-shirts aux dessins sataniques et d’élégants et discrets bracelets cloutés. Léger malaise agrémenté de crises de fou rire.
Venues voir jouer un collègue, Moisés le bien nommé, nous découvrons donc un lieu étrange, inconnu, et intrigant. La musique n’est certes pas la plus douce et mélodieuse, mais supportable. Nous observons donc, neutres, les ados faire des pogos (pour les non-initiés : saute sur place, au rythme balancé de la musique locale, puis essaie, tout en étant en suspension, de rentrer en collision avec l’un de tes voisins). Puis certains se mettent, d’une façon assez déconcertante, à hocher la tête relativement rapidement, faisant preuve d’une souplesse assez impressionante : on pourrait penser qu’ils vont réussir à toucher leurs genoux avec ladite tête, puisque plus ça va, plus le mouvement est ample.
Enfin, certains montent sur scène et se lancent dans le public (pour les initiés, le slam) : nous ne pouvons pas rester neutres devant ce genre de spectacle, et la peur nous étreint en voyant disparaître très rapidement ces hommes braves et valeureux qui se lancent sans savoir si quelqu’un sera là pour les rattraper... pas de traces de sang par terre, espérons que tout le monde est sorti sain et sauf.
Le plus étonnant reste tout de même l’arrivée sur scène d’un groupe salvadorien de « chaotic hardcore » : chaotique, certes, hardcore, sans aucun doute. Rappelons que secouez sa tête violemment et rapidement entraîne la perte de neurones. Gageons que le chanteur ne devait plus en avoir beaucoup en état de marche, comme en témoignait d’ailleurs sa façon de chanter (je dit chanter, car il tenait le micro ; en l’occurrence il s’agissait plutôt d’un beuglement, à la limite de la laryngite, qui provoque une douleur aiguë dans le tympan et une fatigue cérébrale rapide chez l’auditeur). Notre hypothèse est la suivante : cet homme a sans doute été épileptique dans une autre vie, à la manière dont il se contorsionnait dos au public (timidité ?) au rythme frénétique de la « musique ».

Etape 2 : dimanche 5 décembre, 11h, centro cultural Miguel Angel Asturias, Ballet National interprétant Casse-Noisettes.
Ici, personne qui beugle, et un public digne de l’Ecole des fans : enfants accompagnés de leurs parents ou grands-parents. Tous vêtus en habits du dimanche bien sûr.
Intéressant de voir comme des habitudes culturelles peuvent créer des jugements à la limite du racisme : certains danseurs, guatémaltèques, petits et rablés, s’agitent sur scène, dans les règles de l’art. Mais le physique râblé me pousse à sourire, et certains me font penser au boucher du quartier vêtus de collants moulants... je n’irai pas plus loin, par peur de heurter les sensibilités, et de me fourvoyer dans des jugements peu recommandables. Quoi qu’il en soit, une expérience intéressante : je pense d’ailleurs me mettre d’ici peu à la danse classique ; je répète pour l’instant dans le salon de l’appartement, au grand plaisir de Marie.

Etape 3 : expérience inédite : comment vous regardent les gens quand vous allez au cinéma avec sur le dos un énorme sac de sport plein de linge propre ???
Et bien, de manière assez étonnante, les gens ne vous regardent pas. Rappelons l’avantage du sac de linge à portée de la main : quand vous avez froid à cause de la ventilation, vous sortez discrètement une petite couverture, encore toute chaude car récemment sortie du sèche-linge, et vous la rangez soigneusement une fois le film fini. Autre possibilité : vous pliez votre linge tout en regardant le film, comme à la maison ! (nous n’avons toutefois pas entrepris cette manoeuvre, chaque chose en son temps).

Prochain compte-rendu scientifique dans l’épisode à venir, qui sera le numéro 13 (en espérant que cela ne me porte pas malheur !)
Ici les fêtes se préparent, le froid est léger, la neige absente, et le soleil toujours au rendez-vous....

A bientôt

Milie.



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