Episode 18. L'envolée sauvage
(spécial dédicace pour ma môman)
Et
oui, il fallait bien un jour que je rende un hommage sincère à cette
oeuvre cinématographique intense et émouvante, l’Envolée sauvage. Non,
non, ne songez pas au documentaire de Perrin filmant pendant 2 heures
des oiseaux en migration. Bien au-dessus. Incomparable. L’Envolée
sauvage est l’histoire, originale et novatrice, d’une jeune adolescente
vivant seule avec son père, qui se porte au secours d’une portée d’oies
sauvages. Après l’éclosion, elle s’en occupera comme une mère, et devra
bien sûr leur apprendre à voler, pour échapper au méchant monsieur qui
veut leur rogner les ailes pour faire respecter la réglementation.
C’est donc aux commandes d’un ULM déguisé en oie géante (ça vaut le
coup d’oeil) qu’elle guide ses ouailles (ah ah) vers leur destination
d’été, dans le sud du pays.
Pourquoi ce besoin d’évoquer un
chef-d’oeuvre dans cet épisode ? Plusieurs fois déjà, des observations
naturelles m’ont fait penser à ce magnifique film. Il était donc temps
de vous faire part de ces réalités qui évoquent en moi un souvenir si
vif.
A Monterico, sur la côte pacifique, j’ai pu observer bien des volatiles.
Les
hommes eux-mêmes semblent prendre leur envol en courant sur la plage, à
vive allure, pour arriver jusque dans l’eau grise du Pacifique. Ma
curiosité en fut piquée... pourquoi agiter les bras et faire des
grimaces tout en courant les jambes arquées et sur la pointe des pieds
???
Je l’ai bien vite compris, à mes dépens. Après une sieste
courte mais intense dans un hamac, à l’ombre d’un toit de palmes, je
décidai d’aller ramener au bar mon grand verre vide, dans son
repose-verre-noix-de-coco. Innocente et encore un peu enveloppée par
les doux bras de Morphée, je me dirigeai donc, le coeur tranquille,
vers le comptoir. Je quittai la douce ombre où je m’étais reposée, pour
me diriger vers mon but, ce qui impliquait un passage au soleil. A mon
grand dam. Après deux pas, une sensation bizarre autant qu’étrange
s’empare de mes voûtes plantaires : le sable est chaud, très chaud.
Pour parer au plus pressé, je cours donc rapidement, les jambes arquées
et sur la pointe des pieds, en agitant les bras et avec une grimace de
douleur sur le visage, me remettre à l’ombre.
Chaussées de mes
sandales, je me remets sereinement en marche, bien réveillée cette
fois-ci, la sensation encore brûlante du sable noir sous mes petits
petons.
Revenons à nos moutons : les oiseaux qui s’envolent (rien d’extraordinaire d’ailleurs quand on y pense).
Et
bien un oiseau qui ne s’envole pas, c’est le pélican, énorme, du
restaurant le Pelicano (qui porte assez bien son nom). Pour ceux qui ne
parlent pas espagnol pelicano signifie pélican. Mais il est sans doute
bien le seul, car on peut observer des hérons, des pélicans, et autres
petits zoziaux faire des tours, des piqués, des vols en V en équipe (la
patrouille de France n’a qu’à bien se tenir), etc, etc... pour le plus
grand plaisir des touristes, embarqués à 6h du matin sur le canal de
Chiquimulilla, et attendant, les fesses au frais sur le dur bois de la
barque, que les oiseaux daignent sortir des roseaux...
Hitchcock
n’avait finalement pas tort : les bruits qui s’élèvent de la végétation
n’ont rien d’encourageant, et les ombres noires qu’on entrevoit
n’inspirent pas confiance. Finalement, pour satisfaire l’appétit
photographique de mes voisins, nos amis à deux ailes prennent leur
envol et nous survolent, montrant leurs aisselles rouges (ben oui,
y’avait des oiseaux avec du rouge sur les aisselles, sans doute un
effet de la transpiration chez cette espèce. Imaginez s’il nous
arrivait la même chose ! ce serait finalement pratique pour tester
l’efficacité des déodorants anti-transpirants....)
Revenons à nos
moutons, une dernière fois : c’était donc l’envolée sauvage grandeur
nature, mais sans l’ULM ridicule déguisé en oie géante. Et l’émotion
père-fille en moins, évidemment (à moins que vous ne veniez en famille,
qui sait !)
Grosses bises à tous
A très bientôt
Emilie.