Episode 30. Nouveau départ
Tout
avait bizarrement commencé : samedi vers 14h, je suis à l’arrêt du bus
4, Place des Halles. Dans le doute, je demande à l’homme assis là si le
bus va bien en direction de la gare. Le gloubiboulga sonore qu’il émet
alors me fait douter de sa clarté d’esprit. Et comme d’habitude (c’est
toujours sur moi que ça tombe), il se sent obligé de continuer la
conversation. Ne voulant pas vexer son esprit imbibé, je murmure donc
des « hein hein », « hum hum » accompagnés de signes de tête
consentants qui ne m’engagent à rien. Évidemment, il entreprend de se
lever et tombe, avec son sac à dos - enfin quand je dis qu’il tombe,
disons plutôt qu’il glisse lentement le long de la paroi de l’abribus
pour se retrouver assis sur le sol, affalé à côté de son sac à dos au
tintement vinicole. Je le relève donc (et non, il n’est pas
unijambiste, arrêtez de vous moquer de mes mésaventures !) et le rassoit.
Le bus arrive. Le marathon commence. La valise 4x4 roule
parfaitement malgré un petit grincement inquiétant. Le train est à
l’heure, ou presque, ce qui permettra à R.R. de venir en coup de vent
et à coup de pédale chercher sur le quai les clés de mon home sweet
home…
Le dernier dîner (la cène émilienne) sera portugais ou ne
sera pas : atum em cebolada, au coin de la Porte des Lilas…. Derniers
moments savoureux avant 3 mois de riz, poulet et haricots noirs.. miam…
Enfin le grand départ : ma valise tout terrain pèse 24,7kg, la
limite autorisée est de 23 kg ; je m’exécute donc sous les yeux des
autres futurs passagers en ouvrant le monstre pour en sortir un sac à
dos que je remplis de chaussures et de mon bagage à main puisque je
n’ai droit qu’à un seul sac en cabine (et je choisis le sac de l’ordi,
pour raisons professionnelles). L’avion a 2h de retard. Mon esprit
mathématique aiguisé calcule donc qu’il me faudra courir comme une
dératée pour ne pas louper le vol Houston-Guatemala puisque je n’avais
à l’origine que 2h30 pour passer tous les merveilleux contrôles de
sécurité : enlever mes chaussures et ma ceinture, sortir mon ordinateur
de sa pochette sans que le bout de scotch qui le maintient en vie
n’éveille la suspicion, me faire prendre les empreintes des 10 doigts,
me faire prendre en photo, me faire prendre pour une abrutie, passer la
douane en expliquant que la nourriture que j’apporte en ce territoire
barbare des Etats-Unis est inoffensive, essuyer un petit sourire
complaisant et enfin courir vers la porte d’embarquement où finalement
l’avion est là : le vol de Paris a rattrapé son retard, et j’ai pu
jouer les aventurières aéroportuaires en 1h30.
Tout au long de
ces quelques 15h de voyage, je dois surmonter d’autres écueils :
supporter les films stupides qu’on me propose pour passer le temps, les
comprendre puisqu’ils sont en anglais et qu’en plus seul un de mes deux
écouteurs fonctionne, et enfin manger tout ce qu’on me présente sans
rechigner, histoire de ne pas mourir de faim… le poulet à l’italienne
(un affront au bon goût), la salade verte et le bout de crumble
précèdent ainsi un sandwich industriel accompagné de chips, qui sera
suivi quelques heures plus tard d’une petite glace à la vanille, et
enfin, dans le vol guatémaltèque, d’un autre sandwich écoeurant qui
mettra fin à toutes mes espérances gastronomiques...
Heureusement,
la Antigua et le restaurant de Betsa qui m’héberge m’ont réservés
d’agréables premiers jours : de la bonne viande grillée à l’argentine,
accompagnée de frites maison ou de salades composées….. la transition
vers le frijol et le riz ne se fera pas avant quelques jours !